Trois pouvoirs : trois visions du droit
Le territoire de Wallis et Futuna présente un système juridique unique en France. Trois pouvoirs y coexistent, et ne s’accordent que rarement : le pouvoir coutumier (représenté avant tout par les rois) ; l’administration supérieure (représentée par l’administrateur supérieur qui a le titre de préfet) ; l’Église (représenté par l'évêque de Wallis et Futuna).
Trois Rois pour 15.000 habitants
Eh oui ! Le territoire de Wallis et Futuna comporte trois rois, et donc trois royaumes : le royaume d’Uvea à Wallis, et les royaumes d’Alo et de SIgave à Futuna. Trois rois pour... 15.000 habitants!
Sur le territoire de Wallis et Futuna, les rois ne sont pas désignés suivant des règles dynastiques analogues à celles qui ont eu cours et continuent d’avoir cours au sein des monarchies occidentales. Ils sont en fait choisis ou élus à vie parmi les membres d’un nombre restreint de familles (les Haliki). Le dernier Lavelua, roi de Wallis, a été nommé en 1959 et a régné jusqu’à sa mort, en 2007. Un règne de 48 ans.
La chefferie : mode d’organisation traditionnel du territoire
L’organisation juridique coutumière et très hiérarchisées : chaque district (à Wallis : Hihifo, Hahake, Mua ; à Futuna : Alo et Sigave) comporte des villages dirigés par des chefs de villages. Il s’agit d’un pouvoir essentiellement masculin.
Les chefs de village ainsi que le roi forment une assemblée territoriale coutumière qui a la charge de l’organisation d’un certain nombre de tâches définies.
Traditionnellement, les hommes se réunissaient tous les soirs (c’est encore le cas à Futuna, mais la tradition a tendance à se perdre à Wallis) sous le falefono, pour discuter entre eux des problèmes courants. C’est lors de ces réunions qu’ont lieu les procès coutumiers, régis par des règles propres au territoire.
Une organisation tripartite française
Cependant Wallis et Futuna est aussi un territoire français, il est donc administré par des instances françaises, chargées d’appliquer le droit français. Les trois pouvoirs de la République y sont donc présents : le pouvoir exécutif, représenté par l’administrateur supérieur, nommé par le Président de la République ; le pouvoir législatif, représenté par le député et le sénateur de Wallis et Futuna ; le pouvoir juridique, représenté par le président du tribunal d’instance de Mata-Utu, la capitale du territoire.
Une Église puissante et influente
Enfin, l’Église joue un rôle considérable dans l’organisation du territoire. C’est elle qui (conjointement avec l’éducation nationale) est chargée de l’éducation des jeunes enfants (jusqu’à la fin du primaire). Conjointement avec l’administration supérieure l’État civil de l’île.
De plus, les Wallisiens et les Futuniens sont très croyants. Le magistère moral de l’Eglise est donc bien réel dans l’archipel.
Une cohabitation des pouvoirs délicate : la crise politique de 2005
La cohabitation de tous ces pouvoirs rend la gestion de ces îles très complexe.
Ainsi une crise politique sans précédent est-elle survenue en septembre 2005 et a laissé craindre une guerre civile entre, d’une part, les partisans du roi, de l’Église et de la coutume et, d’autre part, les partisans de l’administrateur. L’’île a été coupée en deux quelques jours, et l’aéroport bloqué. Heureusement, la situation semble d’être apaisée, quand bien même rien n’est acquis.